Le Pain des Anges

Poèmes de Didier B.

A Stéphane Mallarmé

Gisant, sans plus gémir, émir des rimes riches
Te voici là sans vie, sans visage, sans âge
Jongleur de la métrique, génie de l’hémistiche
J’ai fait dans tes poèmes tout mon apprentissage

Tu savais être sombre sans sourciller d’un cil
La mort te rendait fort, la mort dans ton visage
Elle devenait putain du mystère indocile
Et de la beauté nue des ivresses de voyage

Te voici donc ici, Ô Charles Baudelaire
Tu reposes au milieu des croix du Mont Parnasse
Entouré de tes muses qui enchantent les airs
De leur bouches fleuries harmonieuses grâces

Je me penche vers toi, compagnon d’écriture
Je te dédie ma vie, je te dédie mes vers
Tu es toujours vivant sublime pourriture
Je te salue ami dans ton tombeau ouvert.

Au photographe portraitiste François Lebel

Et de ton œil ouvert sur la valeur des choses
Borgne, contemplatif, amant de la lumière
Tu règnes au fond des ombres semblable à Lucifer
Te voilà le démiurge des mille et une roses

La poésie éclot dans la magie de l’art
Et abolit soudain la laideur de ce monde
Tu emphases les âmes et immoles les ombres
Cyclope au regard pur, faiseur de hasard

Sur ton mur de photos comme de beaux fusains
Les visages s’éclairent comme Lumière de Lune
Et les voici tous là, compagnons de fortune
Chacun porte un espoir, chacun porte un chagrin

Au fond de tes photos, on entend les murmures
De ces regards de feu qui ne peuvent crier
La flamme est bien vivante et nous sommes sauvés
venez tendre l’oreille approchez vous du mur

Projet des célébrissimes

A Hélène M.

Chacun peut ressentir l’amour pour un parent
On a tous eu la chance de recevoir son sang
De prolonger leurs âmes par les yeux de l’amour
Qui vous disent je t’aime et t’aimerai toujours

Moi des yeux j’en ai quatre, qui me comblent de joie
Je suis le roi du monde, je suis le roi des rois
Il suffit de vous voir mon Dieu et ma Déesse
pour que mon mal de vivre se transforme en ivresse

Vous êtes le nectar, vous êtes l’ambroisie
Vous êtes instillation de toute poésie
Et moi pauvre Géras je pleure votre vieillesse
Mon cœur gros se rempli d’une infinie tendresse

Et chaque année je vois le temps s’accélérer
Laissez moi Dieu chéri le temps de savourer
L’amour pur est puissant de mes deux chers parents
Et la mort est vaincue tant qu’eux sont bien vivants

A Hélène M.

Nul ne peut ressentir l’amour pour un enfant
S’il n’a pas eu la chance de transmettre son sang
De prolonger son âme dans les yeux de l’amour
Qui vous disent je t’aime et t’aimerai toujours

Moi des yeux j’en ai quatre, qui me comblent de joie
Je suis le roi du monde, je suis le roi des rois
Il suffit de vous voir mon prince et ma princesse
pour que mon mal de vivre se transforme en ivresse

Vous êtes le nectar, vous êtes l’ambroisie
Vous êtes distillation de toute poésie
Et moi pauvre Tantale je bois votre jeunesse
Pleurant mes yeux d’enfant où tout était liesse

Et chaque année je vois le temps s’accélérer
Laissez moi Dieu chéri le droit de savourer
L’amour pur est puissant de mes deux beaux enfants
Et la mort est vaincue tant qu’eux sont bien vivants

A Ingrid Betancourt

“Le sabre qui m’a accompagné dans toute la guerre de l’indépendance de l’Amérique du sud sera livré au général Juan Manuel de Rosas, comme preuve de la satisfaction que, en tant qu’Argentin, j’ai eu de voir la fermeté avec laquelle il a soutenu l’honneur de la République contre les injustes prétentions des étrangers qui essayaient de l’humilier”

Le Testament du Capitaine Général José de San Martin


Te Voila libre Ingrid, après ces six années
Tu as pris trop de risques à ridiculiser
Tous ces guérilleros qui prétendent venger
un continent un peuple si souvent humilié

Je suis heureux pourtant qu’enfin tes deux enfants
retrouvent la chaleur de leur douce maman
Mais il ne faut pas trop exporter l’occident
Dont la seule religion est celle de l’argent

Tu n’es pas Bolivar, tu n’es pas San Martin
Comme tu as du pleurer te levant le matin
Loin de ce doux confort loin de ta salle de bain
Vivant le quotidien des peuples amérindiens

Qu’un syndrome de Stockholm s’empare soudain de toi
Et que la Colombie retrouve enfin la voie
Celle de l’égalité, celle de la liberté
Et celle de la lutte contre la pauvreté