Le Pain des Anges

Poèmes de Didier B.

A Séverine

Elle écoute Benabar, elle écoute les Beatles
Amoureuse d’un garçon quelque part dans son cœur
Elle a son monde à elle une sorte de puzzle
Qu’elle assemble en musique pendant de longues heures

C’est une femme en dehors une fillette en dedans
Qui vous montre son cœur ou vous montre ses dents
Elle a grandi trop vite la voilà à trente ans
Et elle songe à présent à porter un enfant

Mais elle fume sa vie dans un tabac trop gris
Elle se saoule à trop boire une mauvaise eau de vie
Où est-il ce jeune homme dont son cœur est épris
Qui l’empêche d’aimer quelqu’un d’autre que lui

Moi je suis le poète et je parle en ami
Je veux que tes yeux brillent comme un beau soir de mai
Vis ta vie ma petite n’attends pas la vesprée
Il faut cueillir la rose alors qu’elle est fleurie

Dussé-je n’avoir été qu’une transition
Dans ta vie sentimentale chère amie,
Je n’accepterai jamais ton mépris!
Toi l’ange déchu devenue démon

Moi je t’ai toujours ouvert grand mon cœur,
Tu t’es réfugiée au creux de ma vie
Je t’ai accueillie avec ton malheur
Toi qui te sentais tellement meurtrie

Aujourd’hui pourtant toi tu me vomis,
Pauvre ingrate amère au cœur si gourd,
Ton amour pour moi est devenu sourd
A mes tristes pleurs et à mes pauvres cris.

Je ne t’en veux pas de m’avoir quitté
Mes bras ne serrent pas pour que j’emprisonne
J’ai eu du bonheur à te consoler
Loin de cette clinique glauque de Barcelone

Quand l’Ange dans le ciel fit sonner sa trompette
Une étoile de feu fut jetée sur la Terre
Rivières et étangs devinrent poisons amers
Beaucoup d’hommes périrent punis par la comète

Cette étoile portait un nom : Artemisia
Les poètes maudits en firent une boisson
La Fée verte ou Absinthe plus connue sous ce nom
Elle était la source de visions quelquefois

Le profane qui en buvait devenait fou
Seul l’initié savait doser pour voyager
Au travers de symboles, de légendes sacrées
riant avec les anges puis chantant avec nous

Lorsqu’on est un poète les bonheurs sont fugaces
On connaît des secrets qui vous rongent le coeur
Vous savez que le temps, que la vie est un leurre
Vous buvez de l’Absinthe espérant que ça passe

Après tout, qu’est-ce qu’on peut être à part soi?
On est ce qu’on naît! Ainsi va la vie!
Les années passent mais on ne change pas
Une âme unique dans un corps qui vieillit

Travailler sur soi alors est-ce possible?
Mais oui bien sûr vous dirais-je pourquoi pas?
Mais vous risquez d’y perdre quelques fusibles
Car c’est votre âme qui vous travaillera.

Ah je vois bien que vous êtes déçu,
Pas facile d’accepter d’être enfin soi.
Vous rêvez si souvent pauvre ingénu
de pouvoir être quelqu’un autre quelquefois

Moi je sais maintenant qui je suis,
Que je traine mon passé derrière moi.
Je suis fier des ancêtres que je suis
Et mes enfants suivront derrière moi

De quoi se nourrissent les Anges? De pains d’amour.
Le pain des Anges, moi j’en mange chaque jour.
Ne soyez pas jalouses, si j’aime pluriellement.
Je vous aime chacune toutes différemment.

Un jour l’Ange Gabriel s’est penché sur mon lit
Il m’a donné du Ciel sa lumière et sa nuit
L’amour est mon vaisseau je voyage avec lui
par delà les étoiles par delà l’infini.

Quand la nuit devient noire quand le doute me surprend,
Je suis comme un enfant qui a perdu sa maman.
Mais l’amour éternel provoque une étincelle
et se lève une étoile et s’éclaire mon ciel;

La vie est faite ainsi, on passe du rire aux larmes.
Nous sommes les spectateurs de notre propre drame.
On a tous faim d’amour d’aimer et d’être aimé,
C’est pourquoi en amour il faut tout pardonner !